Deux expositions aux Matelles dans l’Hérault

À l’ombre des pierres blondes du village médiéval des Matelles situé à 20km de Montpellier, le visiteur découvre cet été une parenthèse artistique saisissante. Nichée dans l’intimité de la Maison des Consuls, lieu patrimonial de charme, deux expositions successives rythment la saison estivale. Pourtant, malgré la richesse et la sensibilité de ces propositions, elles restent encore trop discrètes dans le paysage culturel régional. C’est bien dommage.

Jusqu’au 15 juin, François Sèvre déploie ses paysages dans L’œil sur l’horizon et le ciel au-dessus, une série de toiles lumineuses et méditatives. À première vue sobres, ces œuvres révèlent, à mesure qu’on les contemple, une vibration douce. Chaque peinture, travaillée sur le vif, restitue le souffle d’un instant suspendu. Le Pic Saint-Loup et les garrigues environnantes deviennent ici des confidents silencieux. On s’y attarde. On s’y apaise. Pourtant, ce travail d’une grande sensibilité mérite mieux que quelques regards furtifs entre deux visites.

Dès le 2 juillet, place à Impressions, une exposition à quatre mains signée par les frères Carbone. L’un, Benjamin, peintre autodidacte, compose des œuvres énigmatiques, peuplées de figures effacées et de symboles déroutants. L’autre, Stéphane, sculpteur et performeur, interroge la matière brute et les limites du corps avec une audace salvatrice. Ensemble, ils proposent une expérience immersive, dense, dérangeante parfois. Mais profondément humaine. Et là encore, on ne peut s’empêcher de penser que ce duo mériterait davantage d’écho.

Certes, ces expositions s’inscrivent dans un cadre bucolique et apaisant, propice à la contemplation. Mais cela suffit-il à attirer le public qu’elles méritent vraiment ? L’art ici se conjugue avec la nature, comme un prolongement des chemins de traverse et des paysages du Grand Pic Saint-Loup. Pourtant, l’affluence ne suit pas toujours.

Alors oui, c’est beau, c’est sensible, c’est rare. Et pourtant, cela passe presque inaperçu. Une déception, mêlée d’espoir. Celui que les curieux, les amateurs, les vacanciers fassent le détour. Qu’ils poussent la porte de la Maison des Consuls. Et qu’ils se laissent toucher.